AFFAIRE ADECCO : JUGEMENT D’UN PIRATAGE A GRANDE ECHELLE AU TRIBUNAL JUDICIAIRE DE LYON

Chloé BOUVART, Avocate

Le 27 juin 2025 s’est achevé le procès du piratage des bases de données d’Adecco qui s’est tenu devant la 17ème chambre correctionnelle du Tribunal judiciaire de LYON depuis le 16 juin 2025.

Cette audience fait suite à la découverte, en 2022, d’une intrusion dans les systèmes informatiques d’Adecco, conduisant à une fuite de données massives.

Les données personnelles subtilisées ont permis la mise en place de prélèvements frauduleux sur les comptes bancaires des victimes.

Les prévenus sont ainsi accusés d’avoir participé à une organisation bien structurée, spécialisée dans le vol et l’exploitation de données personnelles, avec pour but principal de détourner des fonds.

Une faille humaine à l’origine

Le piratage a commencé grâce à un jeune stagiaire d’Adecco, qui aurait vendu ses accès informatiques.

Cela aurait permis à l’organisation d’exploiter massivement les fichiers internes et de détourner des données sensibles, telles que les coordonnées bancaires, les numéros de Sécurité sociale, et les identités des intérimaires inscrits.

Une affaire hors norme

Outre les faits de détournement de fonds de millions d’euros reprochés aux nombreux prévenus, l’ampleur du procès s’explique par le nombre important de victimes présumées, qui ont pu être identifiés au cours de la procédure d’instruction.

La procédure diligentée sur plusieurs années a permis d’identifier plus de 70 000 victimes potentielles, y compris des organismes publics tels que la Caisse de Dépôt et de Consignation. 

Un préjudice conséquent

L’accès non autorisé aux bases données d’Adecco a été particulièrement préjudiciable pour certains travailleurs, contre lesquels il a été effectué des prélèvements inférieurs à 50 €, afin de contourner les systèmes de vérification mis en place par les établissements bancaires.

Ce seul préjudice financier a pu être estimé à plusieurs millions d’euros, outre l’atteinte permanente à la vie privée des victimes potentielles. 

C’est ainsi plus de 2 000 intérimaires qui ont pu se constituer partie civile au cours des deux semaines d’audience, pour obtenir la reconnaissance de leur préjudice et solliciter une indemnisation.

La décision à venir

A l’issue des débats, le Tribunal s’est retiré pour prendre sa décision, qui sera communiquée le 26 septembre 2025 à 14 heures.

Le verdict attendu donnera une indication claire sur la manière dont la justice entend répondre à ces nouvelles formes de criminalité aux effets massifs.  

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